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A.R.
12 août 2019

Ci-gît Arthur Rimbaud, l’Homme aux semelles de vent

A Charleville-Mézières, la sépulture d’Arthur Rimbaud est toujours fréquentée par les admirateurs du poète.

Bernard Colin, gardien de la tombe d’Arthur Rimbaud, et Claire Lignereux, chargée des publics du musée Rimbaud, veillent sur la tombe du poète

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Le 16 août 2019 à 12h21

« Merci de me nourrir, d'abreuver ma soif, merci Arthur… » Bernard Colin commence à lire les quelques lignes d'une missive adressée à Arthur Rimbaud. Comme chaque jour, il vient de relever le courrier de la boîte à lettres dédiée à l'homme aux semelles de vent.

Installée à l'entrée du cimetière de l'avenue Boutet, à Charleville-Mézières, cette boîte « vintage » des PTT est entourée d'ailes en fer forgé. « On sent que ça vient du cœur, c'est un honneur pour moi de garder ces petits mots », commente le gardien du cimetière, avant de remettre un tour de clé dans la serrure.

Et cela fait 37 ans, que Bernard Colin veille sur la correspondance adressée à Arthur Rimbaud, mais aussi sur tous les objets laissés sur sa tombe, élevée depuis 1891. Installée dans le massif E, sa pierre tombale en marbre blanc est adossée à une stèle surmontée d'une croix. Le poète y est enterré avec sa mère, son grand-père et ses deux sœurs, Isabelle et Vitalie.

Baskets, flacons d'absinthe, dessins… sur la tombe

« J'ai retrouvé des paires de baskets accrochées à la grille du caveau familial, des flacons d'absinthe, des dessins, des maillots… ». Le plus insolite est sans doute le médiator de la guitare de Patti Smith, déposée par la star elle-même. Car la diva du rock voue un véritable culte au poète : elle a effectué de nombreux pèlerinages dans les Ardennes, et même acquis une ferme où le poète avait rédigé quelques poèmes, à Roche, un hameau situé à une quarantaine de kilomètres de Charleville.

 Portrait d’Arthur Rimbaud (1859 - 1891). Selva/Leemage  

Entassés dans des boîtes à chaussures, tous les objets recueillis dans le cimetière seront, sans doute, destinés à intégrer la collection documentaire du musée Rimbaud. Il faut dire que les rituels ont la vie dure, ici, à Charleville, et les réseaux sociaux ne cessent de les relayer.

« Les gens aiment bien déposer un petit objet personnel ou boire un petit coup à sa santé, ils s'assoient devant et déposent la bouteille vide sur sa tombe. Certains glissent même des petits mots dans les fentes de la pierre tombale ». Des Japonais, des Italiens, des Chinois, des Allemands, des Français… un millier de personnes s'y pressent chaque année. « Rimbaud est quelqu'un d'insaisissable, il a commencé à écrire un peu partout, à Londres, en Asie, à Bruxelles… Sa tombe, c'est un repère, les gens viennent ici en pèlerinage », souligne Claire Lignereux, chargée des publics du musée Rimbaud.

Les habitants se sont approprié du personnage

Carlo ne fait pas partie de ces adeptes du pèlerinage et se méfie du côté gourou. Planté devant la tombe du poète, il concède : « J'ai du mal à le dire, mais c'est vrai que je suis venu m'installer à Charleville à cause de ces fantômes d'écrivains. Rimbaud, c'est tout sauf un Dieu pour moi. C'est juste un gars qui a fait quelque chose d'exceptionnel et que je viens saluer. »

Pour les résidants de la ville, le lien avec Rimbaud est assez naturel, quotidien et à la fois fusionnel. « On ne peut pas le louper, les habitants se sont approprié le personnage. Les gens qui viennent de loin pour se recueillir ici au cimetière ont davantage une quête spirituelle. Pour certains, la force de sa poésie les aide à se construire, il y a quelque chose qui nous dépasse », reconnaît Claire Lignereux.

Bernard Colin, quant à lui, ne ressent pas de lien intime avec l'auteur d'« Une Saison en Enfer ». Il avoue même ne pas s'intéresser particulièrement à son œuvre. Et pourtant, bien des fans l'envient. Sa maison en pierre jaune de Dom-le-Mesnil, de style néogothique, est plantée là dans l'enceinte du cimetière Boutet. Et de la fenêtre de sa chambre, il peut avoir un œil sur la tombe d'Arthur. « Je m'endors à côté de lui chaque soir. Beaucoup me disent que j'ai de la chance et envient ma proximité », nous glisse, un sourire en coin, le gardien du « temple ».
Les meilleures adresses du Guide du routard à Charleville-Mézières

 

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